Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/100

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mais cela ne prouve nullement qu’on ait fait brèche à l’honneur national.

Messieurs, il y avait de l’injustice dans les reproches amers qu’on a faits, en Europe, aux Américains ; et il me semble que si ceux-ci n’ont pas été assez ponctuels, les créanciers Européens n’ont pas, non plus, été assez raisonnables.

Que les Américains soient jusqu’à un certain point blâmables pour avoir manqué à leurs engagements, quant aux échéances, je l’admets ; mais la raison de l’intensité du cri d’indignation qui s’est élevé de l’autre côté de l’Atlantique existe principalement dans ce fait, qu’un grand nombre de détenteurs des obligations Américaines étaient de petits capitalistes qui avaient placé leur argent à 3 pour 100 dans les fonds Anglais, et qui, voyant les Américains offrir 6, 7 et même 8 pour 100, s’étaient empressés de vendre leurs créances contre le gouvernement impérial pour escompter les bons Américains.

Quand quelques uns des états se sont trouvés incapables de payer les intérêts, cela causa une gêne considérable chez la grande majorité des créanciers des États-Unis, car un grand nombre d’entr’eux avaient mis tout leur avoir dans les fonds Américains. Or ventre affamé n’a point d’oreilles ; et les meilleures raisons du monde ne font pas disparaître le besoin dans lequel le créancier se trouve. Le cri fut général, les agioteurs s’en mêlèrent, crièrent à la répudiation, à la banqueroute, déprécièrent autant que possible les obligations Américaines afin de les acheter à de forts escomptes ; les petits capitalistes se laissèrent prendre au piège et échangèrent les meilleures obligations du monde contre des sommes modiques ; les grands capitalistes réalisèrent des bénéfices énormes, et la responsabilité des maux, de la détresse dont leur avidité avait été la cause principale, retomba sur les États-Unis seulement.

Ceux des états qui avaient manqué à leurs engagements, n’avaient d’autre alternative que de se taxer pour les remplir, en attendant que leurs travaux publics devinssent productifs. Ils ne reculèrent pas devant ce devoir, mais avant que les législatures se fussent assemblées, avant que les plans de taxation eussent été proposés, examinés,