Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/172

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leurs oppresseurs ! Il y avait même, dans cette perspective, quelque chose de flatteur pour leur amour propre qui pouvait leur faire illusion jusqu’à leur faire espérer quelque bien de leur complaisance.

Mais en Canada, aucunes de ces raisons n’existent ; la métropole est à une distance immense ; ses institutions sont inapplicables ici ; le fait seul de sa domination est un obstacle au progrès industriel ; les institutions républicaines sont évidemment les seules possibles en Amérique ! Quoi donc a pu déterminer ces hommes qui avaient mission de défendre également nos droits naturels et nos droits politiques à ne tenir aucun compte de cette mission et à répudier leur mandat ?

Messieurs, c’est la vanité, c’es l’ambition, c’est l’égoïsme !

Quelques-uns ont cédé à des influences individuelles, à de séduisantes obsessions ; quelques autres se sont laissés prendre aux commérages de coterie : le plus grand nombre a cédé à la corruption administrative qui se pratique dans ce pays, sur une plus grande échelle et avec plus d’impudeur que dans aucun autre pays.

On lit, dans une antique légende provençale, qu’il existait, dans le diocèse d’Uzès, une source que l’on faisait tarir en y jetant quelque chose de sale ; l’expérience des trois dernières années nous a assez fait voir que, sous le gouvernement responsable, les consciences ne sont plus aussi susceptibles ! !

Ces conséquences déplorables étaient les résultats nécessaires du système illogique, absurde, que l’on a imposé au pays ! Nos mandataires ont été tellement dominés par ce système que non seulement ils ont pu défendre nos droits, mais qu’il ne leur a pas même été possible de se mettre à couvert du déshonneur, que l’histoire leur jettera à pleines mains ; car elle aussi a ses gémonies ! !

Ils ont voulu sauver un malade en lui administrant le poison à fortes doses ! L’effet du poison est évident, constaté ; et l’on nous dit : « Continuez, cela vous guérira !  ! »

Le remède a tué la tête, et l’on nous dit : « Redoublez, cela sauvera le corps ! ! »

Le gouvernement responsable que l’on nous a infligé est la négation de la démocratie ; et des charlatans l’affichent