Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/173

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avec un écriteau portant ces mots : « Recette infaillible pour faire des démocrates !  ! »

Messieurs, il y a pourtant un moyen bien plus facile, bien plus direct, bien plus certain de former un peuple aux institutions républicaines ; c’est de les lui donner !

Toutes les fictions constitutionnelles imaginables ne peuvent jamais tenir lieu de la vérité, du droit, du bon sens !

En Angleterre où il fallait faire concorder deux principes, opposés : où l’on voulait mettre sur un pied d’égalité, l’individu et la communauté, la partie et le tout ; où l’on voulait faire resplendir également l’ombre et la réalité ; où l’on voulait enfin concilier ce qui, de tout temps, a été inconciliable, le oui et le non, le vrai et le faux, la souveraineté d’un homme avec la souveraineté d’un peuple : il fallait bien avoir recours à des fictions, car on ne pouvait pas faire accepter des anomalies grossières sans violer la logique dans les institutions.

Résumez cet ensemble d’idées traditionnelles, de concessions, d’empiétations, de coutumes, de précédents qui sont le fonds et la forme de la constitution Anglaise, eh bien, qu’y trouvez vous ? Un rendez-vous de contresens ; une enrégimentation de principes contradictoires ; un combat perpétuel du droit contre le fait.

Cela fonctionne pourtant ! Oui, parce que dans la pratique on ne tient aucun compte de la théorie ; parce que, comme je l’ai déjà dit, celle-ci détruit invariablement celle-là.

Si l’on voulait appliquer rigoureusement et sans modifications appliquer les théories constitutionnelles anglaises au fait journalier, à l’administration pratique, la société politique croulerait de suite ; elle ne subsisterait pas deux heures.

Mais en Canada, Messieurs, pourquoi s’obstiner à continuer toutes ces fictions, à pratiquer tous ces détours ?

Pourquoi faire une si prodigieuse dépense d’esprit pour n’aboutir qu’à des absurdités ? Pourquoi tenir si fortement à des institutions dont les rouages sont si compliqués, dont le fonctionnement est si peu compréhensible pour la masse de la population ; à des institutions qui ont été faites pour un autre temps, destinées à une société constituée sur des bases essentiellement différentes ?

Messieurs, c’est un fait qui n’a pas besoin de preuves, que