Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/187

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qui explique le passé et le présent et qui indique très clairement l’avenir du pays, c’est le manque absolu de capitaux, c’est l’état de prostration complète dans lequel se trouve le Canada au point de vue de la prospérité commerciale ou industrielle.

On a beau vouloir se faire illusion ; nos législateurs ont beau se renvoyer, d’un côté à l’autre de la chambre, de plates félicitations sur les ressources actuelles et les progrès prochains du pays, tout cela n’empêche pas qu’aujourd’hui la gêne ne soit universelle ; dans le commerce parce que les banques n’osent pas escompter ; chez les propriétaires parce que la propriété est si dépréciée qu’un capitaliste ne consent à prêter de l’argent que sur des garanties qui décuplent en valeur les sommes prêtées.

Messieurs, il y a probablement aujourd’hui dans les banques de Montréal une somme de £5 ou 600,000 en dépôt ; eh bien quel est le cri général, dans le pays ? Celui-ci : « Il n’y a pas d’argent, il n’est pas possible d’en trouver. » Et cela est vrai, il n’y en a pas dans le marché. Pourquoi cela ? Parce que la confiance est détruite.

Pourquoi la confiance est-elle détruite ?

Parce que les maisons qui, dans Montréal, se louaient £400 il y a quatre ans se louent maintenant pour £100 ou 150 au plus : parce que, dans les campagnes, les propriétés qui se vendent par autorité de justice ne rapportent généralement que le quart ou le tiers de leur valeur réelle, et souvent beaucoup moins : parce qu’une propriété, soit à la campagne, soit à la ville, qui donne £350 de revenu et qui en vaut par conséquent au moins £5,000 en capital trouve très difficilement un acheteur à une mise à prix de £2,500.

Est-ce là ce qu’on appelle de la prospérité ?

Et puis, Messieurs, ne savons-nous pas tous que ceux qui empruntent à 6 pour 100 forment l’exception et que ceux qui empruntent à 12 et 15 pour 100 forment la règle générale ?[1]

Y a-t-il exagération à affirmer que chacun de ceux qui sont dans cette salle connaît très probablement un ou deux propriétaires réputés à l’aise qui cherchent de l’argent et n’en peuvent pas trouver ?

N’est-il pas à la connaissance d’un grand nombre d’entre

  1. Il va sans dira que cette phrase ne s’applique qu’à ceux qui n’empruntent pas des banques.