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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/22

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d’avilissement du gouvernement responsable qui lui a été octroyé, le sentiment de l’indépendance nationale ou celui de la dignité personnelle, pourquoi donc trouver étrange qu’ils désirent voir leur pays prendre rang parmi les peuples souverains du globe, et cesser de n’être désigné sur la liste des nations que par un zéro ?

Pourquoi donc ceux qui ont vanté à tout propos l’exquise sensibilité de leur fibre nationale restent-ils sourds au cri qui eût dû la faire vibrer ?

Pourquoi donc font-ils tant d’efforts pour repousser leur pays sous le réseau de corruption, d’appauvrissement, de nullification, d’inertie morale, d’amoindrissement intellectuel, de dégradation politique que l’Angleterre a tendu sur lui au moyen de l’Union et du gouvernement responsable, et dont il voudrait rompre la chaîne ? Pourquoi enfin, ceux qui voulaient l’indépendance en 1837 n’en veulent-ils plus aujourd’hui ? Pourquoi font-ils tous les jours, humblement agenouillés devant l’emblème national de l’Angleterre, de déshonorants actes de contrition, pour leur conduite passée ?

Ah ! Messieurs, il est triste de l’avouer, mais à quoi servirait de nier, ou de déguiser des faits éclatants comme le soleil ? C’est que le conseil donné par Lord Durham au gouvernement métropolitain a été suivi : « Inventez, lui a-t-il dit, inventez un système au moyen duquel les chefs canadiens auront une part dans les places d’honneur ou de profit que vous n’avez distribuées jusqu’à présent qu’à vos nationaux, et vous les rendrez presque tous souples et dociles. »

Eh bien, Messieurs, ce conseil a été suivi, et maintenant je vous invite à désigner ceux de nos hommes politiques de 1837 que le gouffre de la corruption n’a pas engloutis. De tous ceux qui alors voulaient sincèrement l’indépendance du Canada et sont encore dans la vie publique, un seul est resté fidèle à son devoir d’enfant du sol, tous les autres sont passés à l’ennemi.

Malgré ce malheur, Messieurs, ne désespérons de rien. J’espère vous faire voir que notre position actuelle est mille fois plus favorable que nous n’avons jamais osé l’espérer. N’agissons pas comme ces lutteurs sans énergie que le