Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/25

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septième siècle. Au commencement du dix-huitième elle consent à sa réunion à l’Angleterre et recouvre à peu près la plénitude de ses droits politiques. Eh bien en moins d’un quart de siècle elle regagne presque tout le terrain qu’elle avait perdu pendant son asservissement ; son génie national reprend l’essor ; l’activité sociale s’y vivifie, s’y déploie comme par enchantement, et aujourd’hui, soit sous le rapport scientifique, soit sous le rapport industriel, elle n’est nullement inférieure à l’Angleterre.

Voyez enfin, Messieurs notre propre pays, le Canada. S’il eut été annexé aux États-Unis en 1815, la majorité de sa population serait-elle encore incapable de lire ou d’écrire ? Un sénat de notre choix aurait-il jamais dévoré la honte du rejet d’un bill d’écoles, infamie dont le conseil législatif de 1834 s’est chargé par ordre supérieur ?

Verriez-vous aujourd’hui le crédit public disparu ;[1] le commerce à peu près anéanti ; la propriété discréditée au point qu’elle n’a plus, pour ainsi dire, qu’une pure valeur de convention ? Verriez-vous l’activité sociale endormie parce qu’elle n’a pas d’objet ; parce que de quelque côté qu’elle se retourne, elle ne fait que se heurter à des prohibitions, à des entraves, à des difficultés de toutes sortes, accompagnements éternels et inévitables de l’état colonial ? Verriez-vous l’industrie dans un véritable état d’enfance parce que les capitaux sont introuvables ? Et pourquoi le sont-ils sinon parce que les débouchés n’existent pas ?

Verriez-vous nos immenses voies de navigation intérieure devenues inutiles, et produire à peine le quart de l’intérêt des sommes exhorbitantes qu’elles ont coûtées ? Auriez-vous vu la langue française bannie pendant dix années de l’enceinte législative, par un article de la constitution ; réintégrée en 1848, et proscrite de nouveau, cette année, par le fait de la translation du siège du gouvernement dans une ville exclusivement anglaise ? Qui est responsable de cette proscription de fait de notre langue ? Ceux qui, pouvant l’empêcher, l’ont librement acceptée : ceux-là même qui se récriaient si fort contre l’élection de Sir Allan McNab à la présidence de

  1. Ceci était écrit à l’époque où M. Hincks venait d’échouer dans sa tentative de réaliser un emprunt en Angleterre. Cet emprunt s’est négocié l’année dernière.