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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/28

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navant vous gouverner vous-mêmes, mais c’est à condition que je retiendrai une liste civile permanente ; que l’élection de vos représentants dépendra de leur fortune territoriale ; que les lois que vos chambres auront passées, et qui auront reçu la sanction de l’exécutif colonial, pourront pendant deux ans encore, être rescindées par l’exécutif métropolitain ; que le gouverneur pourra, selon son bon plaisir, réserver pour la sanction royale, toutes les lois, de quelque nature qu’elles soient, qui auront été passées même à l’unanimité des deux chambres ; que le quorum de la Chambre d’Assemblée ne sera formé que du quart de ses membres ; que le Bas-Canada paiera une dette qu’il n’a pas contractée ! » Or, toutes ces restrictions avaient évidemment l’effet de rendre à peu près inutile la prétendue réforme qu’on avait octroyée au pays. Le gouvernement restait trop fort parce qu’il gardait, pour ne pas rendre illusoire, à son gré, ce dont, en apparence, il se désaisissait. La permanence de la liste civile détruisait le contrôle, sapait la responsabilité ; et la privation de l’initiative faisait de la législature une simple machine à voter : la réduisait au rôle tout-à-fait subordonné d’un parlement de monarchie absolue. Tout cela n’a pas empêché, messieurs toute la Chambre d’Assemblée de répondre à l’Angleterre, il y a deux ans : « Vous êtes un gouvernement juste et fort. »

Nous avons accepté l’injustice avec une bonne grâce sans égale ! Nous avons accueilli l’oppression avec des protestations de reconnaissance ! Nous avons subi l’insulte avec des remerciements ! On nous a souffletés, et nous avons humblement avoué que nous avions mérité davantage !

En présence de ces faits, dont les uns existent encore, et dont les autres sont si vivants dans nos souvenirs, on nous dit : « Vous avez liberté pleine et entière de vous gouverner vous-mêmes ; vous êtes le peuple le plus libre qui soit au monde ! ! »

Eh bien, voilà comment se résume la liberté dont nous jouissons. Le ministère ne peut proposer aucune loi sans le consentement du gouverneur : les membres de l’Assemblée ne peuvent proposer aucune mesure qui comporte de près ou de loin un emploi d’argent : ils ne peuvent même proposer aucune loi d’un intérêt général, sans que le ministère ne les prie de la retirer : le gouverneur peut seul suspendre, nullifier