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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/29

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ou rejeter tout ce qu’ils font, et n’est soumis à aucun contrôle local : c’est donc le gouverneur qui exerce réellement le pouvoir ; et l’autorité de la chambre est autant subordonnée à la sienne que la volonté ou les désirs du peuple du pays l’ont toujours été aux caprices ou à l’ignorance des commis du bureau colonial.

Vous vous rappelez sans doute, Messieurs, qu’il y a deux ans, une association de commerce fut incorporée, par notre législature, sous le nom de Banque des Marchands, mais que la loi fut réservée pour la sanction du bureau colonial. Pour des raisons qui sont restées inconnues, cette sanction ne fut donnée que dix-huit mois après la passation de la loi, et près de deux ans, par conséquent, après la demande d’incorporation. Or on ne pouvait guère espérer que les capitalistes qui voulaient fonder cette banque garderaient leurs capitaux en coffre pendant un aussi long espace de temps. On devait savoir qu’en reculant autant l’époque de la sanction on empêchait la fondation d’un pareil établissement ; car, en Canada, l’homme qui peut un jour disposer de mille louis est très souvent obligé d’en emprunter vingt-cinq le lendemain. On ne s’est pas plus pressé, pour tout cela, de sanctionner la loi, et elle n’a été proclamée, dans le pays, que dix-neuf mois après sa passation par nos chambres.

Il va sans dire qu’alors les capitaux qui devaient servir à fonder cette banque n’étaient plus disponibles, car la crise monétaire était devenue alarmante, et le commerce perdit les avantages qu’il devait nécessairement en retirer. Et néanmoins on vous dit tous les jours que vous êtes véritablement indépendants et que l’Angleterre a cessé d’intervenir dans vos affaires locales !

Mais voici un autre fait plus étrange encore.

Depuis un grand nombre d’années, le manque absolu d’approvisionnement d’eau pour la ville de Québec était vivement senti. Sans parler des terribles désastres des Faubourgs St.-Jean et St.-Roch, qu’aucune puissance humaine n’aurait pu empêcher, il y avait eu, dans Québec, plusieurs incendies qu’on eût facilement maîtrisés s’il n’eût pas été si difficile de se procurer de l’eau en quantité suffisante.

Il y a trois ans, une association se forma dans le but de pourvoir à l’approvisionnement de la ville. C’était, à Québec