Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/32

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mais une fois ici, le dernier commis du bureau colonial a plus d’influence que lui.

En Angleterre le roi ne peut rien contre la volonté de la nation, parce que c’est elle qui, en définitive, est souveraine ! Ici le gouverneur peut tout oser, parce qu’il représente le souverain, qui est le peuple anglais. Qu’aurions-nous pu faire à Lord Sydenham, par exemple, quand il a si outrageusement violé nos franchises électorales au moyen des £20,000 qu’il a pris à même le revenu des biens des Jésuites pour faire des largesses aux assommeurs de 1840 ?

L’assertion que nous sommes le peuple le plus libre du monde n’a donc pu être faite que par des hommes payés pour étouffer le cri de leur conscience ; payés pour tromper ; payés pour mentir ! ! Rien ne prouve avec autant d’évidence combien le despotisme dégrade vite, sûrement, sans ressources, ceux qui ne sont pas constamment sur le qui vive ! ceux qui ne redoutent pas instinctivement tout ce qui vient d’une main longtemps ennemie, souvent astucieuse.

Permettez-moi, Messieurs, de vous faire part des remarques que faisait à la Chambre des Communes le 8 de février dernier, un du très petit nombre d’hommes honnêtes qui ont toujours défendu ce pays contre l’oppression, Sir William Molesworth.

« À qui, dit-il, à qui, dans la pratique, le pouvoir de désapprouver les actes des législatures coloniales est-il dévolu ? Aux chefs du ministère des colonies ; administrateurs absents ; vivant à plusieurs milliers de milles de distance ; qui ne connaissent pas les besoins de la colonie ; qui n’y ont aucun intérêt ; qui sont obligés de s’en rapporter à des informations incomplètes et de seconde main ; qui sont grossièrement ignorants, et pis qu’ignorants, car les informations qu’ils obtiennent sur les questions coloniales sont presque toujours fausses et erronées.

« Ces chefs du bureau colonial sont responsables au parlement dit-on ; mais cette responsabilité est une farce complète, car le Parlement n’a nullement le temps de se mêler d’affaires coloniales, et même, s’il l’avait, il ne pourrait pas obtenir, sur les colonies, de renseignements exacts et impartiaux.

« Le gouvernement actuel des colonies est donc le gouver-