Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/33

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nement par le mal renseigné, responsable à celui qui ignore.

« La politique coloniale rationnelle consiste à croire que, dans les colonies, on a autant de bon sens qu’ici ; qu’on y connaît les matières locales et les besoins généraux mieux que nous ; qu’on y peut les régler et administrer mieux que nous ; et que, par conséquent, on ne doit d’ici exercer aucun contrôle sur leurs affaires locales. »

Ainsi, Messieurs, sir William Molesworth déclare honnêtement qu’en fait d’administration coloniale, la responsabilité du ministre des colonies au Parlement impérial est une pure farce ! Or si la responsabilité est une farce là bas, je voudrais bien savoir comment la définir ici ? Qu’on nous dise donc ce que signifie un gouvernement responsable dont le chef, celui qui seul, peut nullifier tout ce qui se fait ici, ne doit rendre compte de ses actes qu’au bureau colonial qui en fait n’est responsable à personne ! Eh bien, nous avons des hommes bien plus instruits, sans doute, bien plus profonds politiques, bien meilleurs logiciens, bien plus honnêtes probablement, que sir William Molesworth, qui affirment sans rire, que la responsabilité gouvernementale est très réelle en Canada ; que loin d’y être une duperie, elle y existe dans toute sa plénitude ; et que ceux qui prennent la liberté de s’en moquer sont des démagogues.

En vérité, messieurs, cela ferait réfléchir, si l’on ne savait pas que ceux qui nous adressent cette épithète, sont précisément les mêmes penseurs qui mettent les glaces éternelles du pôle Nord au rang de nos plus dangereux ennemis politiques. Nous trouvons dans ce fait, de quoi nous consoler du reproche !

Voilà donc le gouvernement responsable assimilé, par un homme qui n’est certes pas suspect, au gouvernement despotique russe, puisqu’il est sans contrôle, puisque la responsabilité du ministre des colonies au Parlement impérial est purement théorique ! Vous verrez pourtant qu’on n’en continuera pas moins à affirmer que le Canada est plus libre que les États-Unis. Cela prouve qu’en général ceux qui défendent le pouvoir n’ont guère de convictions que celles que leur estomac leur suggère. Ils ont un os à ronger, ils le défendent,