Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/8

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Ce n’est pas seulement au Canada que l’utilité de ce travail pourra être hautement appréciée ; partout où l’étude de l’économie politique est en honneur, on devra reconnaître l’utilité de l’ouvrage de M. Dessaulles.

Quand M. De Tocqueville écrivait son admirable livre sur la Démocratie en Amérique, il exprimait presque avec amertume, l’impossibilité où il se trouvait de ne pouvoir compléter son œuvre, vû l’absence de statistiques sur les diverses sources de richesse du peuple Américain. Des trois éléments de la richesse des peuples : la population, les fonds immobiliers et les biens mobiliers, il n’avait pu apercevoir que le premier, dans le dénombrement fait sous la direction immédiate du gouvernement Américain. Les deux derniers : les fonds immobiliers et les biens mobiliers avaient échappé à ses recherches. Cet écrivain attribuait alors l’absence de statistique au fait qu’on la cultivait peu aux États-Unis, parce qu’il ne s’y rencontrait personne qui eût la faculté de réunir des documents ou le temps de les parcourir.

Nous ignorons jusqu’à quel point l’assertion que la statistique n’était point cultivée, pouvait être vraie, il y a douze à quinze ans ; mais, ce qui est incontestable aujourd’hui, c’est qu’on pourrait plutôt se plaindre de la surabondance des statistiques de tout genre. Il ne restait plus aujourd’hui que la difficulté de parcourir une immense quantité de documents épars, sur chacun des états de l’Union Américaine, afin d’en faire un tout.

C’est néanmoins à ce résultat qu’ont tendu les recherches et les études de M. Dessaulles, et c’est avec non moins de bonheur que de courage qu’il a accompli cette rude tâche.

Aussi nous osons le dire, ce livre honore tout-à-la-fois et l’auteur et son pays : il peut jusqu’à un certain point servir de complément à l’œuvre de M. De Tocqueville ; — et nous sommes convaincus que ce célèbre écrivain n’en désavouerait pas la parenté.

De quelque croyance politique que soit le Canadien ; — qu’il soit républicain de cœur et d’action ou qu’il soit forcé, pour les besoins passagers de parti, à prendre les déguisements d’un monarchiste, les enseignements qu’il pourra puiser dans ces Lectures, ont pour tout le monde une portée éminemment utile.

Aussi nous ne saurions trop en recommander la lecture.

De l’aveu de tout le monde, nous marchons rapidement vers un changement radical dans nos institutions politiques.

Les uns, peut-être trompés par l’ardeur de leurs vœux comptent déjà les jours du règne colonial.

Les autres, plus indifférents sur les affaires publiques et assez calmes pour ne compter les événements que du jour au