Page:Dessinateurs Illustrations Portalis 2.djvu/48

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ayant été appelé à la direction de l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, l’emmena en Russie, où il le fit nommer, grâce à son talent précoce et malgré sa jeunesse, professeur à cette même Académie. Deux ans après, Lelorrain étant mort[1] Moreau revint à Paris, et là, inconnu, sans fortune, il dut abandonner la peinture, dont il redoutait les débuts si longs et si coûteux pour se destiner à la gravure, qu’il alla apprendre à l’atelier de Lebas. Moreau eut à lutter d’abord contre les difficultés de la vie, mais son énergie et sa force peu commune de caractère en triomphèrent assez rapidement. Lebas, qui avait pu déjà apprécier ses rares aptitudes de graveur, par les eaux-fortes d’après Vernet, que son élève préparait pour lui avec habileté, et qu’il s’appropriait en les retouchant, lui confia quelques travaux, et lui fit faire la connaissance du comte de Caylus, qui imprimait alors son ouvrage sur les antiquités grecques, romaines et étrusques. Satisfait du talent que montrait déjà le jeune artiste, celui-ci le chargea de l’exécution d’une partie des gravures de son livre, mais, craignant que le désir de gagner de l’argent ne le détournât de ses études, il lui donnait seulement le samedi la besogne qu’il devait faire le dimanche, lui laissant ainsi six jours dans la semaine pour étudier. Il lui rendit là un réel service, mais ce que ces travaux rapportaient au jeune artiste suffisait à peine à ses dépenses, et il n’en était

  1. 24 mars 1759.