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Page:Dessinateurs Illustrations Portalis 2.djvu/52

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élégants pleins de grâce et de fraîcheur. Le pinceau et la pointe à la main, il a trouvé, dans son dessin ou son eau-forte, la note juste dans l’encadrement exact. Indiqués avec légèreté par sa plume spirituelle et délicatement ombrés d’un bistre au ton chaud, ses dessins sont autant de rêves pastoraux ; fêtes du mai, fraîches amours écloses dans les prés, jeunesses qui s’ignorent, baisers surpris derrière la haie d’un champ ou sous la charmille d’un parc, soupirs de la dix-huitième année, vous aurez trouvé là le peintre exquis de vos délicieuses saveurs.

Pourquoi faut-il que la série de ces charmantes compositions, gravées à l’eau-forte avec une verve et un éclat inimitables, ait été interrompue après les vingt-cinq premières, et que la suite en ait été confiée à d’autres artistes ? « Si la Borde ne s’était pas, dit Renouard, très-maladroitement brouillé avec Moreau après l’achèvement du premier volume, les quatre seraient de la même main, et un recueil de cent estampes, toutes dessinées et gravées par un


    fois sur le point d’être ruiné par suite de ses prodigalités, des voyages coûteux qu’il fit, des publications onéreuses qu’il entreprit et de sa facilité à se jeter dans toutes sortes d’entreprises. Mais son esprit fécond en ressources le soutint, et la faveur du roi lui vint toujours en aide. Il a fait imprimer un grand nombre d’ouvrages, a donné des récits de ses voyages et s’est beaucoup occupé de musique. Par suite d’un défi, il mit un jour en musique un privilège de librairie. Ce morceau singulier a été gravé. La Borde aimait beaucoup la géographie, et a dessiné de très-belles cartes pour l’éducation du Dauphin, fils de Louis XVI. Pendant la Révolution, il s’était retiré en Normandie, espérant y être oublié, mais il fut arrêté, amené à Paris, et périt sur l’échafaud le 22 juillet 1794.