Page:Dessinateurs Illustrations Portalis 2.djvu/54

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habileté à saisir le caractère convenable, à prendre le style propre à chaque sujet ; c’est cette justesse et cet aplomb dans la composition, cette netteté dans les plans, cette intelligence dans les groupes, cet esprit et cette vérité dans la pose et l’expression des figures, qui font que l’on voit réellement l’action représentée, c’est enfin cette inépuisable variété et ce goût exquis dans l’emploi des accessoires, propres à indiquer la condition des personnages, le temps et le lieu de la scène. »

Nous allons voir, en effet, Moreau aborder tous les sujets avec un succès égal. J.-J. Rousseau n’aura pas, pour l’illustration de ses Œuvres (1774-79), d’interprète plus intelligent et plus artiste, et qui prêtera plus de charme aux jeunes gens passionnés qu’il avait rêvés. Le dessinateur a aimé Jean-Jacques. L’admiration qu’il avait pour l’homme de génie s’est révélée, du reste, par la composition où il a représenté ses derniers moments ; par celle de son Tombeau et par l’allégorie de son Arrivée aux Champs-Elysées, où il est reçu par les plus grands philosophes tandis que Diogène souffle sa lanterne. Moreau a dû lire et relire les œuvres de son auteur et s’identifier avec ses personnages, pour inventer et tracer, au début de la Nouvelle Héloïse, ce premier baiser de l’amour, si charmant dans sa tendre chasteté, pour composer cette scène passionnée de l’inoculation de l’amour, trouver les expressions de cet autre baiser au clavecin, et réunir cet essaim de frais