Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/380

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et celle de les bien connaître dans celle de se bien rappeler les idées qui les composent et leurs rapports avec celles qui les avoi-

    seul moyen d’éclaircir et de rectifier nos raisonnemens, est de substituer la description détaillée de l’idée au signe qui la représente en abrégé ; et ce moyen, s’il est bien employé, suffit toujours pour trouver d’où vient l’équivoque ou l’erreur. Enfin, comme l’a dit très-énergiquement M. Maine-Biran, quand nous nous servons de toutes nos langues (excepté l’algèbre), nous sommes toujours obligés de porter à la fois le double fardeau du signe et de l’idée[1]. Nous y sommes également obligés, même pour combiner des idées de quantité, quand nous entreprenons de le faire par le moyen des signes de nos langues ordinaires, sans employer ceux de l’algèbre. Aussi, alors ne pouvons-nous pas pousser le calcul jusqu’au degré de complication auquel nous atteignons à l’aide des signes de l’algèbre. Il y a plus ; c’est que, même en nous servant de ceux-ci, nous ne sommes complètement dispensés de songer à l’idée que dans les momens où une formule trouvée et des règles de calcul démontrées nous guident mécaniquement ; mais dans tous ceux où il s’agit de se décider pour une opération plutôt que pour une autre, de reconnaître le sens et la valeur de l’expres-

  1. Voyez son excellent Mémoire intitulé : Influence de l’habitude sur la Faculté de penser.
    C’est, je crois, un des meilleurs ouvrages qui aient jamais été écrits sur ces matières.