Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/23

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chacun d’eux avait pris parti si décidément pour l’une ou l’autre de ces opinions hasardées, qu’aucun de leurs grammairiens et de leurs dialecticiens n’a imaginé de commencer ses recherches par une étude approfondie de ses facultés intellectuelles. Ils se sont attachés aux détails, aux circonstances, aux formes, sans remonter jamais jusqu’aux vrais principes[1]. Engagés dans cette mauvaise route, ils n’ont pu que tourner perpétuellement dans le même cercle, sans faire aucun progrès réel. Aussi les Grecs des temps postérieurs, quoiqu’ils aient été dans un état, sinon florissant, du moins tel qu’il laissait un libre cours à leurs recherches, sont-ils devenus plus subtils, plus disputeurs, mais non plus véritablement éclairés : ils n’ont plus du tout examiné les faits, ils n’ont discuté que leurs hypothèses; et c’est vraisemblablement la principale raison pour laquelle, chez eux, l’art social ne s’est jamais assez

  1. Ici je ne ferais point d'exception en faveur d'Aristote, dont la logique a eu une prodigieuse influence parce qu'elle est l'ouvrage d’une très-forte tête, et une influence funeste, parce qu'elle repose sur des bases fausses, comme j'espère le démontrer quand il en sera temps.