Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

même valeur pour tous ceux qui l’emploient, et même pour chacun d’eux, dans les différens momens où il l’emploie.

Cette triste vérité est ce qui constitue essentiellement le vice radical de l’esprit de l’homme ; ce qui le condamne à ne jamais arriver complètement à l’exactitude, excepté dans quelques cas fort simples, ou considérés sous un rapport particulier ; et ce qui fait que presque tous ses raisonnemens sont nécessairement fondés sur des données incertaines et variables jusqu’à un certain point.

Il sent : il se fait des signes de ce qu’il sent ; il ne peut penser qu’avec ces signes ; et il ne peut éviter de mettre sous chacun de ces signes, tantôt plus d’idées, tantôt moins, sans s’en appercevoir. Il est donc impossible qu’aucun de ces signes ait une signification complètement déterminée et fixe ; et qu’aucune collection de signes, aucun langage, nous conduise avec pleine assurance dans tous nos raisonnemens. Dans ce genre, et par suite dans tous les autres, nous devons donc renoncer à la perfection : tout ce que nous pouvons, est de voir les causes