Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/402

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qui nous en écartent invinciblement ; et cela même est utile, en nous apprenant à surmonter tous les obstacles qui ne sont pas insurmontables.

Après avoir prouvé 1) qu’une langue, fût-elle parfaite, ne saurait devenir universelle comme langue savante, qu’après avoir été la langue usuelle d’un peuple qui ait eu de grands succès, et que par conséquent, aucune langue composée exprès à ce dessein, ne peut atteindre ce but ; 2) qu’il n’est pas à désirer pour le progrès des lumières, qu’il existe une langue universelle purement savante ; 3) qu’une langue, fût-elle parfaite, ne saurait devenir universelle comme langue usuelle ; et que quand par impossible, elle serait devenue telle, elle cesserait bientôt de l’être, parce qu’elle ne pourrait éviter de s’altérer de différentes manières par l’usage, comme cela est arrivé au premier des langages qui a été inventé ; 4) que ce qui serait vraiment d’un prix inestimable, une langue parfaite, ne fût-elle pas universelle, est une chose absolument impossible, parce que la difficulté ne tient pas aux signes, mai à la nature de notre esprit ; après, dis-je, avoir éclairci ces