Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/405

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des écritures et comme des langues, et que l’on prend, tantôt pour une écriture universelle, tantôt pour une langue correspondante à toutes les autres, et destinée à les remplacer dans les sciences. Ce ne sont-là en dernière analyse, que des espèces d’hiéroglyphes et de symboles, dont nous avons vu les inconvéniens monstrueux.

Si l’on voulait créer une langue, il faudrait donc qu’elle pût devenir usuelle, qu’elle fût composée de signes dérivant directement des signes naturels du langage d’action, que ce fût une langue d’attouchemens, de gestes, ou de sons. Or les sons sont préférables, par toutes les raisons que nous avons dites, et par une autre sur laquelle nous n’avons pas assez insisté, quoique très-importante ; mais que le citoyen Maine-Biran a le premier très-bien saisie, et qu’il a supérieurement expliquée dans son excellent mémoire sur les effets de l’habitude.

C’est l’étroite correspondance qui existe entre l’organe auditif qui reçoit les sons, et l’organe vocal qui les produit, correspondance qui rendant les sons plus profondément habituels qu’aucune autre espèce de signes, les lie bien plus intimement aux idées qu’ils