Ils n’ont pas même eu besoin d’avoir connaissance des conseils qu’il avait donnés ; car c’était la direction naturelle de tous les esprits supérieurs de cette époque. Depuis environ un siècle, le précieux secours de l’imprimerie, en multipliant prodigieusement la communication des idées, avait rendu facile de s’instruire de ce qui avait été dit et pensé auparavant : et ce tems avait suffi pour faire sentir le vide de tout ce qu’on enseignait, et pour dégoûter de la fastidieuse occupation de ne faire que discuter les opinions des autres. On était donc porté pour ainsi dire forcément vers l’étude de la nature et des faits, et vers l’examen de ce que les docteurs appelaient si mal-à-propos des principes. Aussi peu après Bacon, et sans avoir eu connaissance de ses ouvrages, notre grand Descartes écrivait absolument les mêmes choses que lui, avec moins d’appareil et d’ostentation, mais beaucoup plus clairement. Car je ne crois pas qu’il y ait, au moins sous le rapport de la logique, une seule chose utile dans la grande rénovation, qui ne se trouve dans les quarante premières pages de l’admirable discours sur la méthode, où Descartes n’a l’air que de décrire ce qui s’est passé dans sa tête, et de rendre compte de la marche qu’il a suivie. J’oserai même ajouter
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