Introduction. Si je n’ai pas manqué complétement le but que je me proposais dans le discours préliminaire qu’on vient de lire, on doit avoir reconnu la justesse et l’importance de la distinction que j’ai établie entre la science et l’art logique. Ce coup-d’œil rapide, jeté sur les ouvrages de quelques hommes, doit avoir montré suffisamment, 1) qu’Aristote, sans avoir fait presqu’aucunes recherches sur les principes de la science, s’est occupé uniquement de tracer les règles de l’art ; qu’il les a combinées avec infiniment d’esprit et de finesse, mais qu’il les a fondées sur une base fausse ; et qu’en conséquence il a tellement embarrassé et fourvoyé l’esprit humain, que celui-ci a été dix-huit cens ans, non-seulement sans faire aucun progrès, et sans acquérir aucune connaissance réelle, mais encore faisant des pas rétrogrades, même dans les pays où on n’a pas cessé de le cultiver. 2) que Bacon, bien qu’il ait vu et dit qu’il fallait refaire toutes les sciences, n’a cependant rien fait précisément pour créer ou renouveler la science logique,