Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/166

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d’autant. Car à chaque fois qu’on porte un nouveau jugement d’une idée, c’est-à-dire, à chaque fois que l’on voit qu’elle renferme une autre idée qu’on n’y avait pas encore remarquée, celle-ci devient un nouvel élément qui est ajouté à ceux qui composaient déjà la première, et qui en augmente le nombre. On doit donc, suivant moi, se représenter chacune des idées qui sont dans nos têtes comme un petit groupe d’idées élémentaires réunies ensemble par des premiers jugemens, duquel, au moyen de tous les jugemens postérieurs que nous en portons, il sort continuellement dans tous les sens, des irradiations pareilles à ces tuyaux qui s’alongent. Ce petit groupe, quoique gardant toujours le même nom, celui qui en est le signe et le représente, change donc perpétuellement de figure et de volume, d’autant plus que souvent une nouvelle addition en détruit beaucoup d’autres plus anciennes ; et cela fait varier continuellement ses rapports avec les autres groupes qui le touchent par différens points, et qui, de leur côté, éprouvent des altérations semblables. Cela peint très-bien, à mon avis, ce qui se passe dans notre esprit tant que nous vivons, et la cause pour laquelle divers individus, et le même dans différens temps,