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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/182

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nos perceptions enfin, pour se servir du terme le plus général, non-seulement sont choses très-réelles, mais même qu’elles sont pour nous les seules choses réelles et vraiment existantes ; et que l’existence réelle que nous accordons à tout ce que nous appelons des êtres, à commencer par nous-mêmes en tant qu’individus, n’est que d’un ordre secondaire et subordonné à celle-là. Tout cela est vrai, mais il en résulte premièrement, que nous ne savons plus que penser de cette seconde espèce d’existence, la seule qui nous ait paru jusqu’à présent manifeste et indubitable, et que nous ne voyons pas nettement l’idée que nous devons nous en faire. Secondement, puisqu’il n’y a rien de réel et de véritablement existant pour nous dans ce monde que nos perceptions, et puisque toutes nos perceptions sont très-certaines, il semble que ne pouvant jamais nous tromper sur ce que nous sentons, et ce que nous sentons étant tout pour nous, nous sommes complètement inaccessibles à toute erreur, et véritablement infaillibles dans toute la rigueur de ce mot. Cependant nous voyons bien évidemment qu’il n’en est rien, et que la vérité n’est que trop sujette à nous échapper. Ainsi nous ne savons plus que croire ; et