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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/229

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Je cesse de m’agiter, cette sensation cesse. Dans cet état de repos, cette sensation qui n’existe plus, dont les causes sont suspendues, affecte de nouveau ma sensibilité ; j’y repense, je me la rappelle, comme on dit ; c’est-à-dire, en termes plus exacts, j’en sens le souvenir. comment cela se fait-il ? Je n’en sais rien ; mais il est de fait que c’est un don dont nous sommes doués ; et c’est ce don que je nomme mémoire.

le souvenir dont il s’agit est aussi fidèle qu’il puisse être ; il est aussi ressemblant à la sensation que cela soit possible ; il n’est certainement altéré par le mélange d’aucune autre idée, puisque je n’en ai encore eu aucune. Cependant ce souvenir n’est pas la sensation elle-même ; ce n’est pas la même opération intellectuelle ; ce n’est pas exactement le même acte de ma sensibilité. Le mouvement quelconque qui s’exécute en moi n’est pas précisément le même. Dans le cas présent, les muscles moteurs, les membres qui avaient agi dans la production de la sensation, ne sont pour rien dans celle du souvenir. S’il s’agissait d’une autre sensation, il y aurait une autre différence, mais il y en aurait toujours une ; car l’acte du souvenir doit se passer tout entier dans le centre cérébral, ou tout au plus dans quelque partie du système