Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Néanmoins ce premier souvenir est en lui-même une perception actuelle et simple, et comme telle absolument certaine ; mais si j’y joins le jugement qu’il est la représentation d’une impression antérieure, jugement qui seul le constitue un souvenir, il devient à l’instant une perception composée, et en même tems sujette à erreur par sa relation avec une perception précédente. On m’arrêtera dès ce premier pas, et on me dira : vous avez établi d’abord que l’incertitude de toutes nos perceptions vient des jugemens qu’elles renferment ; ensuite que les défauts de tous nos jugemens tiennent à l’inexactitude des souvenirs qu’ils ont pour objet ; et maintenant vous donnez pour cause de l’imperfection d’un premier souvenir, le jugement même qui le constitue un souvenir. Il y a là un cercle vicieux, si vous ne montrez pas comment ce premier jugement peut être faux, et qu’il l’est par le fait de la perception même appelée souvenir. l’objection est juste, elle mérite d’être résolue. En voici l’explication. La première de toutes mes perceptions, que j’ai supposé être celle d’un mouvement opéré dans mes membres, est sans contredit une impression simple. Le souvenir qui m’en revient,