Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/233

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et ce troisième jugement est faux, quoiqu’au moment où je le porte ce soit bien là l’idée actuelle que j’ai du souvenir de ma sensation de mouvement. C’est ainsi que j’explique ce que j’ai dit de nos souvenirs et de nos jugemens en général ; et que je rends raison de l’action des deux causes opposées que j’ai observées, et de leur combinaison dès les premiers jugemens qui touchent immédiatement à nos perceptions simples. Ce seul point est délicat et épineux ; car dès qu’il s’agit d’idées composées, il n’y a plus de difficultés. S’il est question, par exemple, de l’idée de l’ or, il est manifeste que quand je juge pour la première fois que l’ or est fusible, je connaissais déjà l’idée de l’ or. c’est un souvenir que j’ai actuellement de cette idée. Ce souvenir renferme bien réellement en ce moment un élément que cette idée n’a jamais eu dans ma tête. Je n’ai pas tort de le juger. Mais néanmoins mon souvenir n’est juste, que si cet élément nouveau est renfermé implicitement dans quelques-uns de ceux qui étaient déjà dans cette idée. Au contraire mon souvenir est inexact, et mon jugement faux, si ce nouvel élément est incompatible avec eux, et exclu par eux.