Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/250

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mon moi, soit aux êtres qui ne sont pas lui, et qui composeront l’idée totale que j’aurai de chacun de ces êtres. L’idée de mon moi deviendra, outre l’idée de vouloir, celle d’avoir un corps, des membres, des organes par lesquels il sent, qui obéissent à ses volontés, et celle de posséder les facultés, les puissances, les faiblesses, les jouissances et les misères qui en résultent. L’idée des autres êtres au nombre desquels sont mon corps et mes membres, sera outre celle de résister, celle de réunir toutes les circonstances et les propriétés par lesquelles ils affectent ma sensibilité, et qui caractérisent chacun d’eux. Je suis très-convaincu que c’est ainsi que cela se passe en nous, et que c’est en cela que consistent pour nous toutes les existences, tant la nôtre que celle des autres êtres. Observons, que depuis que j’ai soumis au jugement du public, cette manière de concevoir le principe de toutes nos idées d’existence qui en explique simultanément l’origine et la certitude, et qui produit ainsi le double effet de dissiper les obscurités et de détruire les dénégations, on m’a souvent dit que toutes nos autres sensations, par leur présence et leur cessation involontaire, peuvent et doivent,