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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/251

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comme celle qui résulte du mouvement de nos membres, nous conduire à connaître qu’il existe d’autres êtres que notre moi sentant et voulant. Je n’ai point d’intérêt à le nier ; car si cela était, j’aurais également raison sur le fait principal, la connaissance et la réalité de toute existence.

il serait également vrai que notre existence réelle consiste dans la faculté de sentir, dont une partie importante est celle de vouloir ; et que l’existence des autres êtres, réelle et distincte de la nôtre, consiste à mettre en jeu cette faculté de sentir, et à résister à celle de vouloir. Il résulterait seulement de l’assertion dont il s’agit que nous avons plusieurs moyens au lieu d’un, d’être certains de cette seconde existence. Mais je ne crois pas cette opinion fondée. Il me paraît que ceux qui la défendent, n’ont pas fait attention à une chose que pourtant j’avais remarquée, c’est que cette sensation vague qui résulte du mouvement de mes membres est la seule que je puisse desirer sans la connaître, et la seule qui, quand je la connais, suive immédiatement de mon desir de l’éprouver. Tant que je n’ai pas senti une odeur, un son, une saveur, une couleur, je ne puis pas les desirer ;