Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et quand je les ai sentis, j’ai beau m’en ressouvenir, les juger agréables, et desirer les sentir de nouveau, si je ne sais pas encore qu’il existe des êtres, pas même mon corps, je ne puis rien faire directement et avec intention pour me procurer ces sensations. Au contraire, sans savoir seulement que j’ai un corps, je puis éprouver le besoin, le desir vague de m’agiter, de changer de position, quoique je ne sache pas que j’ai une position. L’expérience prouve, et dans les enfans et dans les hommes, que c’est un résultat automatique de notre organisation, qu’il est la conséquence nécessaire de tout mal-aise, et même de tout bien-être un peu vif, que le mouvement s’ensuit par notre nature même, et en même tems aussi la sensation qu’il occasionne et qui l’accompagne toujours. En outre quand je l’ai sentie cette sensation, il suffit que le desir de l’éprouver se renouvelle pour qu’elle renaisse à l’instant ; car ce desir n’est autre que celui de m’agiter, qu’il est toujours en mon pouvoir de satisfaire plus ou moins : je puis donc promptement porter le jugement que cette sensation suit de ma volonté de l’éprouver, et que si elle cesse malgré cette volonté,