Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/280

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prouvent parconséquent le même sort que mes souvenirs des sensations : non-seulement ils sont toujours, par leur nature, des idées très-différentes de leurs modèles, mais encore ils deviennent des idées très-compliquées et sujettes à toutes les imperfections des idées des modes et des qualités des êtres. Il en est à-peu-près de même des jugemens subséquens que je porte de toutes ces idées, et des souvenirs que je puis en avoir. Ainsi, voilà que quand j’ai seulement appris qu’il existe d’autres êtres que ma vertu sentante, le danger résultant de l’imperfection de mes souvenirs s’est prodigieusement accru. Cependant ce n’est encore là que le commencement des difficultés qui nous attendent, et qui vont toujours croissant à mesure que l’édifice de nos connaissances s’élève et s’agrandit. Suivons ses progrès comme nous les avons décrits dans le premier volume, chapitre 6. Ces idées d’êtres et de modes qui naissent de nos premières idées simples et des premiers jugemens que nous en portons, et qui servent de bases à des combinaisons ultérieures, je ne les ai encore considérées que comme particulières et individuelles, telles qu’elles sont d’abord. Mais nous avons vu que bientôt par des