Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/293

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elles que s’établit le dissentiment de nos opinions. Secondement ces impressions premières, ces sensations pures sont infiniment peu nombreuses en comparaison de la multitude infinie de nos perceptions diverses. De même qu’avec une quarantaine de caractères au plus nous pouvons représenter tous les mots de toutes les langues que l’on peut imaginer ; de même c’est avec un très-petit nombre de modifications premières que nous formons la foule innombrable d’idées qui sont dans nos têtes. Ces idées ne sont jamais que des composés et des surcomposés de ces élémens primitifs ; et elles sont toujours justes, nous l’avons prouvé, si nous n’avons rien mis dans ces élémens qui n’y soit pas, et si nous n’avons pas reconnu entre eux des rapports qui répugnent à leur nature. Or nous avons tous plus ou moins la puissance d’éviter ces fautes ; et quand même beaucoup de nous en seraient privés jusqu’à un certain point, toujours est-il vrai que c’est dans cette puissance que consiste la raison, le bon sens, et qu’en l’exerçant pleinement on arrive à ce qui est la vérité pour l’espèce entière. Ainsi la diversité de nos dispositions individuelles n’empêche pas que la vérité ne soit la même pour tous, et qu’il n’y ait une raison générale et