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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/292

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nous tous plus ou moins sujets à l’illusion. Cependant il ne faut pas nous exagérer cet inconvénient. Parceque nos dispositions diverses modifient presque nécessairement nos jugemens, et parceque nous différons nécessairement les uns des autres par les dispositions résultantes de l’organisation primitive, du tempérament, de l’âge, du sexe, de l’état de santé ou de maladie, etc., il ne faut pas croire qu’il suive de là qu’il n’y a pas pour tous un fond commun, un type, un modèle général, que nous puissions appeler la raison, le bon sens, le sens commun

ni se persuader que nous

ne faisons tous que rêver chacun à notre manière, sans qu’il soit possible de dire jamais laquelle est la meilleure. Un moment de réflexion va dissiper cette erreur. Premièrement tout prouve que les premières impressions, les impressions directes des objets, les pures sensations, sont les mêmes pour tous ; ou que, si intrinsèquement elles sont différentes en quelque chose, ce qui est impossible à vérifier, elles sont du moins ressemblantes en beaucoup de points, complètement analogues, et ayant les mêmes rapports entre elles ; qu’elles produisent les mêmes effets, et ont les mêmes conséquences dans tous les individus ; et que ce n’est jamais relativement à