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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/298

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de celles-là. Ces combinaisons postérieures, les phrases, ne sont point des monumens durables, elles s’évanouissent après l’instant du besoin et se renouvellent quand il renaît. Mais les signes fondamentaux, les mots, sont des notes permanentes qui restent constamment attachées aux idées qu’elles représentent, qui fixent et perpétuent le résultat des opérations intellectuelles par lesquelles les idées ont été composées, et que l’homme emploie dans toutes ses déductions, le plus souvent sans remonter jusqu’à ces opérations intellectuelles qui en déterminent la valeur. C’est donc avec des mots que nous raisonnons sur des idées faites par des jugemens, d’après des souvenirs ; et ce que nous appelons raisonner, c’est encore porter des jugemens qui suivent des premiers. C’est là toute notre histoire. Que résulte-t-il de là ? Que pour bien raisonner, il ne s’agit jamais que de connaître la valeur des mots et les lois de leur assemblage ; pour connaître cette valeur, de connaître les idées que ces mots représentent, et les jugemens en vertu desquels ces idées sont composées ; et que cette connaissance nous donne le contenu de l’idée, sujet du nouveau jugement