spéciale de la science connue sous le nom de morale
? Je répondrai
premièrement que la morale considère plus nos besoins et nos desirs, en un mot, tous nos sentimens qui ne sont pas réduits en actes, dans l’intention de les apprécier et de les régler, que dans celle de les satisfaire ; et que, quant à nos actions, elle a plus en vue les droits d’autrui que notre intérêt direct et immédiat. Secondement, je ne craindrai pas de dire qu’elle ne remonte pas mieux que l’économie politique, à cette cause première de tout besoin
et de toute puissance, de tous les droits et de tous les devoirs
- et que
jusqu’à présent elle mérite plus qu’aucune autre science humaine, le reproche de n’être qu’un recueil de principes empiriques, déduits d’observations éparses, et dont la pratique, quoique bien imparfaite, est encore fort supérieure à la théorie, parcequ’heureusement il est dans notre nature, qu’au moins les plus essentiels de ces principes, sont plus aisés à sentir qu’à prouver. Cela est si vrai que l’on dispute encore sur la base fondamentale que l’on doit donner à la morale, sur le but qu’elle doit se proposer, et pour savoir si on doit chercher son principe dans notre nature, ou en-dehors d’elle ; et que même beaucoup de philosophes soutiennent