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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/353

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que toute idée d’utilité quelconque, toute relation à nous, quelle qu’elle soit, est un motif indigne de la morale, qui la dégrade et l’avilit. Assurément, il est impossible d’imaginer une branche de connaissances qui soit moins avancée, et moins fixée que celle sur laquelle on élève de pareilles questions. Puisque les deux sciences dont nous venons de parler sont incomplètes, celle de la législation ne peut manquer de l’être encore davantage. Ce mot, à le prendre dans sa plus grande généralité, signifie la connaissance des lois qui doivent régir l’homme dans toutes les circonstances, et dans toutes les époques de sa vie. Ainsi il renferme la science, non-seulement des lois qui règlent les intérêts des individus, de celles qui déterminent l’organisation sociale, et de celles qui fixent les rapports de la société avec les nations étrangères ; mais encore de celles qui doivent diriger l’enfance. La science de la législation comprend la science du gouvernement, et celle de l’éducation. Car le gouvernement n’est que l’éducation des hommes faits, et l’éducation est le gouvernement des enfans. Seulement, dans l’un on donne sa principale attention aux actions, parcequ’elles ont un effet immédiat ; et dans l’autre, on s’attache surtout à former les sentimens, parceque