Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/372

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ne peuvent presque pas penser sans signes quelconques, ils ne peuvent faire aucuns grands progrès sans signes durables et transportables. Tous les langages qui dérivent du langage d’action, peuvent être représentés d’une manière permanente par d’autres langages composés de figures hiéroglyphiques ou symboliques, qui expriment les mêmes idées qu’eux. Mais il y a là une véritable traduction. Le langage oral est le seul dont la signification puisse être reproduite par des figures qui ne représentent que les sons dont il est composé, et non pas les idées elles-mêmes. C’est là réellement l’écriture soit syllabique, soit alphabétique. C’est une simple notation sans traduction ; et cette différence est si grande, que tout peuple qui a négligé cet avantage, est condamné à une éternelle enfance. Les conséquences en sont incalculables. On a pensé assez généralement que tous les hommes avaient dû commencer par des peintures hiéroglyphiques, qu’un génie heureux avait inventé de les convertir en caractères syllabiques, et qu’un plus heureux encore avait imaginé de décomposer ceux-ci en voyelles et en consonnes, et avait dû parconséquent créer