Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/387

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nes si différens du premier, que l’on a peine à croire qu’il appartienne aux mêmes êtres, vus seulement sous un autre aspect. Sans doute on pourrait concevoir l’homme ne faisant que recevoir des impressions, se les rappeler, les comparer et les combiner, toujours avec une indifférence parfaite. Il ne serait alors qu’un être sachant et connaissant,

sans passion proprement dite relativement à lui, et sans action relativement aux autres êtres ; car il n’aurait aucun motif pour vouloir, ni aucune raison pour agir, et certainement, dans cette supposition, quelles que fussent ses facultés pour juger et connaître, elles resteraient dans une grande stagnation, faute de stimulant pour s’exercer. Mais il n’est pas cela ; il est un être voulant en conséquence de ses impressions et de ses connaissances, et agissant en conséquence de ses volontés. C’est là ce qui le constitue d’une part susceptible de souffrances et de jouissances, de bonheur et de malheur, idées correlatives et inséparables ; et de l’autre part, capable d’influence et de puissance. C’est là ce qui fait qu’il a des besoins et des moyens, et parconséquent des droits et des devoirs, soit seulement quand il n’a affaire qu’à des êtres inanimés, soit plus encore quand il est en contact