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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/394

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Mais quand on réfléchit plus sérieusement sur nos desirs, on voit bientôt qu’ils ne sont pas tous bien motivés ; que plusieurs sont fondés sur des jugemens faux, et des apperçus imparfaits ; que leur accomplissement ne nous mènerait pas au but qu’ils se proposent ; qu’il vaut mieux s’en défendre, ou s’en désabuser, que de les voir réussir ; que le plus essentiel pour nous est de les bien juger ; qu’enfin il faut s’occuper de les apprécier avant de songer à les satisfaire : car on est plus avancé dans ce monde, quand on sait ce qu’on doit vouloir, que quand on sait la manière de pouvoir ce qu’on veut. Or, le moyen d’apprécier ces desirs, est de connaître les conséquences et les résultats des actions auxquelles ils nous conduisent. Ainsi il suit de là qu’il faut examiner nos moyens avant nos besoins. C’est aussi à quoi je conclus. Je conçois donc que la première partie d’un traité de la volonté, doit être consacrée à l’examen des effets de nos actions de tous genres, non-seulement sous le rapport de la satisfaction de nos besoins physiques, et de la formation de nos richesses privées et publiques, mais encore sous celui de leurs conséquences morales et intellectuelles, et de leur influence sur le bonheur de l’individu, de la société, et