Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/456

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cette heureuse innovation, et devient ainsi que les autres, susceptible de raisonnemens plus suivis et de combinaisons plus compliquées ; car il est plus aisé de suivre un calcul par écrit, même sans autre secours que des noms de nombres, que de le faire de tête par le même moyen. Toutefois, la science des quantités n’a encore aucun procédé qui lui soit exclusivement propre. Mais si l’on s’avise de figurer la langue parlée, par le moyen d’une langue peinte qui en représente directement les idées, et non pas les sons, alors la science des quantités éprouve, ou du moins peut éprouver un effet particulier extrêmement remarquable, et qui mérite d’être bien démêlé. Nous avons vu dans la grammaire qu’il est très-malheureux pour toutes les branches de nos connaissances, que les hommes adoptent cette manière de représenter leurs langues parlées, parceque, sans fournir aucun nouveau secours à la pensée, elle ne fait qu’attacher les idées à un nouveau système de signes, dont la valeur exacte est impossible à vérifier, et qu’ainsi elle ne les perpétue qu’en apparence, ou du moins d’une manière si confuse qu’elle devient illusoire.