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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/109

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CHAPITRE VIII

mon journal de lowell


Lowell, 4 avril, 1887, lundi soir, 7½ hrs.
Ma bonne Rose, ma douce fiancée,

À toi ma première et unique pensée. Je suis enfin libre et seul, seul avec ta pensée et tes deux photographies que je ne cesse de regarder. Enfermé comme un pauvre condamné qui n’attend de délivrance ou d’adoucissement à sa peine que de la bonté d’un juge peut-être sans clémence, je jette des regards vers ma patrie et vers ma Rose. Mes paupières rougies versent des larmes brûlantes que je ne crains pas de laisser couler abondamment parce que je suis seul, absolument seul. Elles traduisent les souffrances morales que j’endure en ce moment aux souvenirs des heureux jours passés qui ne reviendront peut-être jamais. Rose, ma demeure est triste, triste comme le tombeau. Les murs en sont nus, ma couche est glacée. Rien, absolument rien qui me rappelle, même de loin, un tout petit peu, ce que j’ai laissé là-bas. Si je n’avais tes deux photographies, il me semble que j’étoufferais, je suffoquerais dans ce tombeau. Elles sont le phare à demi éteint qui me montre de loin le port abandonné ; elles sont la lueur vacillante d’une petite lampe dans des ténèbres profondes qui fait atten-