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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/145

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les sentiers dangereux, ton bras me protège ; je tiens ta main qui conduit mes pas au milieu des embûches de la route. Rose, qu’il est bon d’aimer un ange comme toi ; tu es ma vie ; tu es le phare qui me guide et me fait éviter les écueils. Puisse ce phare ne jamais s’éteindre, car je sombrerai quand sa lumière cessera de briller.

Ma Rose, tu m’aimerais davantage si tu savais avec quelle ardeur j’ai baisé ton portrait en partant pour voir mon petit malade et en revenant de consoler sa pauvre mère affligée. Il me semble que les consolations que j’apporte à cette bonne mère et les baisers que je mets sur ton portrait soulagent mon ennui et en apaisent les inquiétudes. C’est un baume qui calme les angoisses de l’exilé et adoucit la douleur de l’amour maternel ; mes plaies se ferment en même temps que les blessures de mes patients. Je sens alors un bien-être qui me rattache à la vie, à l’amour. Oh ! médecin, on te plaint ; on a horreur de tes veilles et de tes fatigues qu’on ne comprend pas ; mais si l’on avait un jour goûté tes heures de bonheur, si l’on connaissait le prix d’une minute passée sous les ailes de la charité, on te bénirait, on envierait ton sort heureux, et l’on voudrait te suivre dans les réduits de la misère et les taudis du malheur… Ma Rose, il me semble que j’humecte mes lèvres à la coupe douce de la vie du médecin ; ce n’est plus la lie que j’en bois. Quel nectar sera-ce quand tu y tremperas ta lèvre en même temps que moi ?… Ce soir, j’ai été rappelé auprès de mon petit patient. Je lui ai administré un calmant et je l’ai laissé quand il fut endormi. Si cet enfant revient à la vie, Dieu, touché par tes bonnes prières, ma Rose, t’aura