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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/147

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s’arrête-t-elle en face de mon bureau pour donner une sérénade à un grand personnage en visite à Lowell, je fais part à ma Rose des réminiscences qui me reviennent des jours que, étant bambin, je suivais les fanfares militaires à Montréal, ou que plus tard je jouais un instrument quelconque dans les corps de musique. Je lui rappelle le souvenir de la fameuse Marie Caspulaire que tout Montréal a connue. Ce souvenir me vient à la vue de son sosie qui attroupe les enfants sous ma fenêtre. Je rappelle à ma Rose des souvenirs des faits qui se sont passés l’année précédente, parce que le souvenir m’en vient encore au son d’une cloche, à l’appel d’un nom, à la vue d’une personne. Il faut bien peu pour faire revivre à ma mémoire les choses du passé. L’annonce d’une excursion, vue par hasard sur un journal du Canada, fait vibrer plus d’une fibre de mon cœur. Ce souvenir des amusements et des plaisirs de mon pays, inconnus pour moi dans l’exil, me réjouit et je me revois avec ma Rose, assistant souvent au départ des bateaux excursionnistes qui emportaient nos amis dans la joie. Tu te souviens, ma Rose, comme tu étais craintive, peureuse même, et comme l’éclatement de chaque bombe lancée du bateau te rendait nerveuse et te faisait pousser des cris qu’il me semble encore entendre. Je sens encore ta main frémissante me serrer fortement le bras pour y chercher un appui. Si je regardais aujourd’hui mon bras, peut-être y retrouverais-je encore l’impression agréable que tu me causais alors… Tous les jours, j’ai de nouveaux patients au bureau et de nouvelles visites à faire à domicile. La pratique va mieux. C’est un peu plus encoura-