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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/185

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L’AMOUR NE MEURT PAS

Lowell, vendredi, 17 juin, 8½hrs p.m. — Ma Rose, ma chère petite Rose… J’ai quelque chose de comique ou de sérieux à t’annoncer ce soir. Il ne manquait plus que cela pour me gonfler d’orgueil et me faire croire que je suis quelqu’un. Je compte désormais dans le monde ; je fais ma marque ; j’y laisse mon empreinte, et c’est grâce à toi. Je te suis plus que jamais reconnaissant du bon conseil que tu m’as donné, il y a quelques mois, de venir établir mes pénates à Lowell. Je veux t’en aimer davantage si c’est possible. Si un jour je me vois à la tête de mes concitoyens ou de mes confrères, les médecins, si un jour je suis quelque chose ou quelqu’un dans l’estime de mes compatriotes, je te dirai « Merci, ma Rose, oui, mille fois merci, petite femme ; tu fus mon ange tutélaire, car tu as conduit mes pas dans la voie de la grandeur et de la gloire ; tu fus mon ange consolateur, car tu m’as soutenu dans mes peines ; tu fus mon ange protecteur, car tu m’as défendu contre moi-même quand je faiblissais, et contre ceux qui m’attaquaient ou me traquaient. Rose, ma Rose, je te dois la vie, la santé, la force et le bonheur dont je jouis, et bien plus encore l’estime de mes frères, de mes concitoyens, de mes compatriotes. Tendre fiancée, tu fus ma conseillère et je te dois ma gloire et mes honneurs ». Maintenant sais-tu pourquoi, ma Rose, je me gonfle d’orgueil ? Sais-tu ce qui me fait croire que je suis quelqu’un et que je pourrai avec le temps devenir un grand personnage ? Pour l’apprendre tu n’auras qu’à jeter les yeux sur le petit journal suisse que je t’envoie. Ce petit journal comique me fait penser au Violon et à un autre