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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/19

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L’AMOUR NE MEURT PAS

de plaisir l’année précédente. Je retrouvais des amies que j’accompagnais comme un automate pendant les récréations entre les cours de l’Université. Nous nous disions le plaisir de nous revoir ; nous causions de nos vacances ; nous rappelions les excursions sur l’eau ou dans les champs et les bois, les promenades au clair de lune. Cependant dans cette foule, je n’étais plus le même, je n’étais plus moi-même. Dans nos conversations, je ne trouvais aucun plaisir, aucun attrait. Je n’avais plus la même gaieté, le même entrain ; j’étais plutôt songeur et parfois distrait. La foule animée et joyeuse ne me disait plus rien. C’était par habitude que je me mêlais à elle et que je la suivais. Le teint hâlé qui jetait un nouveau reflet sur la beauté de la jeune fille n’avait plus l’attrait d’autrefois. Mon esprit était toujours ailleurs. La faute en était à mon ami Joseph Édouard qui me faisait toujours espérer la rencontre de ses deux jeunes et jolies amies dont il me parlait sans cesse. Je ne sais ce qui se passait en moi. Une voix intérieure ne cessait de me redire qu’une des deux jeunes filles, qu’une des deux sœurs que mon ami promettait de me présenter serait un jour la bien-aimée de mon cœur ; qu’elle deviendrait ma fiancée, mon épouse, ma confidente dans mes inquiétudes futures, et mon soutien dans les déboires et les misères qui assiègent trop souvent le médecin dans l’exercice de sa pratique au contact de toutes les infirmités physiques et morales.

J’avais une hâte fébrile de connaître ces deux amies et d’en aimer vraiment une, parce que je m’imaginais que l’amour m’aiderait, m’encouragerait, me soutien-