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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/20

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L’AMOUR NE MEURT PAS

drait dans mes études que je voulais entreprendre sérieusement pendant ma deuxième année de cléricature. Je voulais me mettre franchement au travail ; mais j’avais peur que sans but bien fixe, bien déterminé, que sans stimulant réel, que sans aiguillon, je ferais la paresse comme l’année précédente, pendant laquelle j’avais pris un goût spécial aux plaisirs, honnêtes tant qu’on voudra, mais tout de même plaisirs qui font perdre un temps précieux. J’ai toujours compris que l’amour est l’aiguillon le plus ardent qui pousse vers les grandes choses, les actions les plus célèbres, que l’amour, en un mot, conduit le monde, et que si parfois il le dirige mal, il l’élève presque toujours à des hauteurs sublimes. Aimer et vouloir le rang, les honneurs, la fortune, la gloire et le bonheur pour l’objet de notre amour, n’est-ce pas là un but digne d’être atteint par les efforts de l’étude, du travail, du courage et de la constance ? C’est ainsi que je comprenais et que j’ai toujours compris l’amour. C’est pour cela que je voulais aimer, aimer d’un amour sincère, une âme grande, noble, qui m’aurait aidé à en atteindre le but. Je ne comprenais rien sans l’amour ; j’avais un cœur aimant, une âme passionnée, et il me fallait un cœur et une âme qui pussent répondre à mes aspirations, sans cela c’était le vide autour de moi.

Qu’avais-je donc fait l’année précédente ? Pendant l’année scolaire 1884-85, j’étais libre de tout lien d’amitié ou plutôt d’amour ; aussi mon cœur, ulcéré à la suite de la rupture du seul amour que j’eusse encore cru vraiment ressentir, cherchait-il dans toutes espèces de distractions le baume à appliquer sur les plaies qui me semblaient