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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/209

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L’AMOUR NE MEURT PAS

ressemblaient tellement que nous en étions tout stupéfaits.

Quand nous étions seuls, Rose et moi, nous nous plaisions à remémorer les faits et gestes des jours passés à Montréal, à Ste-Martine et surtout au Buisson. Souvent nous nous demandions si Lowell pourrait jamais laisser d’aussi beaux souvenirs que ceux de Ste-Martine. Notre séjour à Lowell a été plus long que celui de Ste-Martine et cependant il ne pouvait être aussi agréable parce que, aux souvenirs des instants délicieux que nous y passions se mêlait trop souvent l’idée de mes ennuis et de mes misères.

Vingt ans plus tard, nous avons revu Lowell qui nous a paru insipide, et nous n’y avons retrouvé aucun souvenir qui ait pu toucher la moindre fibre de nos cœurs. Nous avons revu la vieille maison en briques à l’encoignure des rues Tremont et Merrimack où j’avais coulé des jours si tristes ; le vieil escalier vermoulu existait encore ; la fenêtre de mon petit bureau avait encore la même apparence, il n’y manquait qu’une chose : mon nom ; et cependant rien de ce que nous voyions là ne nous touchait. Lowell nous paraissait comme une ville silencieuse, morne, que nous aurions visitée pour la première fois. Nous avions coulé des jours si heureux depuis notre départ de cette ville, nous avions eu tant de bonheur depuis, que le souvenir des mauvais jours en était complètement effacé depuis longtemps de notre mémoire. Dans le seul coin de la ville où nous aurions pu trouver les souvenirs de nos beaux instants, la mort