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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/210

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avait passé et enlevé celle qui l’avait animé et en avait fait autrefois un lieu de délices. Amanda, la sœur bien-aimée de ma Rose, et la plus consolante amie pour moi, était morte depuis plusieurs années et son mari avait quitté Lowell. Qu’aurions-nous trouvé dans ce petit coin, dans cette petite maison hospitalière où nous avions goûté toutes les douceurs que procure l’amitié la plus franche ? Quand l’âme qui anime une demeure est disparue que reste-t-il après elle ? Des murs, des meubles, des bibelots qui peuvent encore rappeler certains souvenirs ; mais quand les murs ont changé d’apparence, quand les meubles ont été remplacés, quand les bibelots n’y sont plus, quels souvenirs peut-on retrouver qui rappellent même de loin les êtres disparus et les joies évanouies ? Il n’y a plus rien qui parle au cœur. Il vaut mieux ne pas visiter ces lieux, car l’âme en devient triste et le cœur en éprouve une angoisse qui suffoque et étouffe. Si, aujourd’hui que je suis seul sur la terre, je retournais à Lowell, peut-être que les souvenirs des anciens ennuis que j’ai éprouvés loin de ma Rose reparaîtraient en foule plus cruels et plus impitoyables et qu’ils feraient résonner douloureusement les dernières fibres de mon cœur s’il en reste encore de non-brisées. Les vacances de Rose et de sa sœur se terminaient vers la fin du mois d’août ; de même mon cours d’expérience ou mon apprentissage de la vie, si je puis appeler ainsi mon séjour à Lowell, prenait fin. Il avait été convenu depuis longtemps entre Rose et moi que nous quitterions Lowell ensemble. Je ne tenais nullement