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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/226

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son chagrin en des termes attristés ou amers. Aurait-elle voulu me le cacher que je m’en serais aperçu immédiatement dans sa première lettre, par les grosses gouttes de larmes tombées sur les feuilles remplies de son écriture fine. Elle était au désespoir ; elle s’imaginait que j’étais souffrant, malade ou que je l’aimais moins. « Oh ! mon Elphège, m’écrivait-elle alors, qu’as-tu aujourd’hui ? Pourquoi ne m’envoyer qu’un simple billet ? T’ai-je fait de la peine, causé du chagrin sans le vouloir ? Es-tu malade ? Aimes-tu moins ta Rose ? Oh ! ne me dis pas que tu m’aimes moins, j’en mourrais de désespoir. Si tu n’aimais plus ta Rose, je continuerais tout de même à t’aimer ; j’en mourrais, mais je t’aimerais jusqu’à mon dernier soupir. Cher Elphège, je voudrais que tu eusses autant de plaisir à m’écrire de longues lettres que j’en ai à les lire. Est-ce l’étude qui t’empêche de penser toujours à ta Rose, de le lui dire souvent et de le lui répéter sans cesse ? C’est bien beau et bien bon d’étudier beaucoup ; mais fais attention, ne te fatigue pas, ne te rends pas malade. Elphège, les instants que tu consacreras à m’écrire de longues lettres seront autant d’oasis que tu rencontreras dans le désert aride de tes études ; tu y trouveras le repos et la fraîcheur.

Parfois je n’avais pas le loisir d’écrire longuement, car après le repas du soir, avant huit heures, je rédigeais les notes prises aux cours de l’après-midi, pour pouvoir mieux étudier quand nous nous réunissions le soir à notre comité d’études. J’étais comme le moniteur du comité ; je préparais d’avance les chapitres et les matières que nous devions étudier durant la soirée qui