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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/25

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L’AMOUR NE MEURT PAS

à l’unisson de certaines fibres de mon âme et de mon cœur. Je me sentais pénétré par certains effluves qui se dégageaient de sa personne tout entière. Pourquoi éprouvai-je sitôt certaine attraction pour elle ? Elle m’avait parlé si peu, à peine dit quelques mots ; elle m’avait regardé si peu, tant elle paraissait attentive dans sa conversation avec mon ami. Depuis ce jour, je l’ai compris, un geste, un mot, un regard ont beaucoup plus de force d’attraction que la durée des longues conversations, que la multiplicité des rencontres ou que les fréquentations les plus intimes. D’où me venait cet enchantement subit ? De ses yeux ? De sa voix ? De ses cheveux blonds ? De l’ensemble de ses traits réguliers et de sa taille qui la faisaient toute belle à mes yeux, à mon âme, à mon cœur ? De son esprit qui me la représentait toute charmante et charmeuse ? C’était le coup de foudre. Je l’aimais déjà pour toute la vie, à ne voir plus qu’elle dans ma vie. Et depuis mon amour ne s’est jamais démenti. Depuis quarante-cinq ans de ce jour, je n’ai jamais vu qu’elle, je n’ai jamais aimé qu’elle. Sa vie a été ma vie ; ses désirs ont été mes désirs ; ses pensées, mes pensées. Depuis ce jour je n’ai vécu que pour elle comme elle n’a vécu que pour moi. Oui, j’ai toujours conservé fraîche et parfumée la Rose que j’ai cueillie ce jour-là, et quand elle est morte, ma vie s’est éteinte avec la sienne. Jusqu’au jour où ma Rose viendra me chercher, ce que je lui ai demandé en la suppliant quand elle me dit son dernier adieu en me serrant dans ses bras et en me donnant son dernier baiser, je ne veux plus penser qu’à elle, n’aimer qu’elle. Depuis