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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/29

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L’AMOUR NE MEURT PAS

sur mon lit. La fatigue causée par ma longue marche, la froideur de la nuit, ma jeunesse me procurèrent un prompt sommeil.

Le matin, en m’éveillant, ma première pensée fut pour celle que j’appelais déjà ma Rose-Alinda. Je la connaissais à peine et déjà elle commençait à remplir ma vie. Son nom revenait sans cesse sur mes lèvres.

Mon cœur en était plein ; mon âme la désirait ardemment. Je continuai tout éveillé les rêves qui avaient bercé mon imagination pendant la soirée et mon sommeil. Je bâtissais déjà ces châteaux que la jeunesse et l’amour aiment à élever au milieu de jardins fleuris, au sommet des collines éclairées par un soleil radieux et dans des décors enchanteurs. Il m’en coûtait de me lever, d’abandonner sitôt ces chimères que je prenais pour des réalités, pour me plonger dans les ennuis de la vie de l’étudiant en médecine. C’était l’hôpital qui m’attendait avec ses cris de souffrance, ses regrets, ses agonies et ses tristesses sans fin ; c’étaient les cours avec leurs longues heures de monotonie. Ce matin-là je ne voulais ni d’hôpital, ni de cours, ni de distractions d’aucune espèce. Je voulais rêver au bonheur, et je ne voulus pas me détacher de mon lit où je semblais cloué. Je rêvai longtemps, les yeux dans le vague. J’aurais voulu être le millionnaire, l’avocat, le médecin, l’industriel qui peuvent à volonté obéir aux penchants de leur cœur. Parfois je me disais : qu’importent la richesse, la vocation, la carrière, pourvu que je sois à ses pieds, implorant d’elle un regard, un serrement de mains, un baiser. Hélas ! je n’étais qu’un simple